Chapitre 10

 

 

— Je n’ai peut-être pas été assez… stimulante ? lâcha Néomi dans un souffle. Pourtant, je t’ai promis que je te montrerais plus que mon porte-jarretelles si tu me voyais, n’est-ce pas, vampire ?

Lentement, elle tira sa jupe vers le haut, froissa l’étoffe dans son poing.

— Figure-toi que j’ai une petite idée de ce que les hommes aiment… voir.

Lorsqu’elle découvrit la dentelle marquant le haut de ses bas, elle reprit :

— Toujours pas assez stimulant ? Peut-être que Conrad aimerait voir ma culotte, plutôt ?

Au moment de dévoiler le dessous de soie, elle flotta jusqu’au coin de la pièce le plus éloigné de Conrad. Il lui faudrait se tourner complètement pour la voir.

— La ligne… la ligne, murmura-t-il précipitamment.

Il devait parler d’une ligne qui les séparait et ne devait pas être franchie.

— Oui, Conrad, la ligne ! Franchissons-la ! Mais peut-être faut-il que je fasse le premier pas ? Très bien, soupira-t-elle. Tu es dur en affaires, mais je me sens un peu trop habillée pour la circonstance, de toute façon, et dans la mesure où tu es si délicieusement nu…

Le corps de Conrad se redressa brusquement, se tendit. Les muscles roulèrent sous la peau de ses épaules.

— Me voilà, dans le coin, je délace ma robe, dit-elle d’une voix rauque de sensualité, sur fond d’étoffe froufroutante. Lentement, très… très… lentement…

Ne venait-il pas de pousser un grognement ?

Elle avança un peu, pour agiter sa robe dans son champ de vision, puis la fit disparaître. Comme un leurre destiné à un animal.

De nouveau, il émit un grognement, comme s’il s’avouait vaincu, puis il regarda dans sa direction.

Sa bouche s’ouvrit… et ne se referma pas.

Elle lui tournait le dos et le regardait par-dessus son épaule, vêtue en tout et pour tout de son porte-jarretelles, de ses bas et de sa culotte noire.

— Je le savais, vampire, dit-elle avec délices.

Le regard de Conrad s’attarda quelques instants sur son visage, avant de descendre le long de son dos, jusqu’à ses fesses, puis ses jambes, avant de remonter lentement.

— Retourne-toi, pour moi, dit-il enfin d’une voix cassée.

Son accent avait-il déjà été aussi prononcé ?

Il lui parlait. Pour la première fois en quatre-vingts ans, quelqu’un lui adressait la parole. Elle en tremblait de joie et de reconnaissance, auxquelles se mêlaient l’euphorie et le désir devant le regard enflammé qui la parcourait. Elle se tourna pour lui faire face, les bras croisés sur la poitrine, sans timidité, mais sans provocation non plus.

Il se passa une main sur le visage.

— T… tes bras, maintenant.

Debout contre le mur, elle retira un bras, puis l’autre, les leva au-dessus de sa tête. Le regard rivé sur ses seins, il serra et desserra les poings à plusieurs reprises, comme s’il s’imaginait en train de les pétrir. Elle sentit un frisson la parcourir lorsqu’il passa le bout de sa langue sur ses crocs. Ses yeux rougeoyaient comme des braises.

— Tu croyais que je bluffais ?

Sans lever les yeux, il acquiesça d’un mouvement de tête, comme s’il ne se sentait pas capable de parler.

— Je ne bluffe jamais. Et puisqu’il a fallu que je me dénude pour te prouver que tu me vois, rince-toi l’œil, Conrad.

Lorsque, enfin, il leva les yeux et croisa son regard, elle pencha la tête sur le côté et lui adressa un sourire enjôleur.

— Juste une petite question : pourquoi m’avoir ignorée ?

— Parce que tu n’es pas… tu n’étais pas réelle, répondit-il avant de grimacer, comme s’il trouvait sa réponse idiote.

Il l’avait prise pour une hallucination ! Pauvre vampire ! S’il l’avait ignorée, c’était uniquement pour se protéger et ne pas sombrer dans la folie.

— Est-ce que tu veux que je sois réelle ?

Elle s’éloigna du mur, avança vers lui, sans le quitter des yeux. Il ne sembla pas s’apercevoir qu’elle approchait. Le jet de la douche coulait toujours.

— Je m’appelle Néomi, susurra-t-elle.

— Néomi, répéta-t-il d’un ton absent. Tu n’as pas froid aux yeux.

Elle secoua la tête, faisant glisser sa chevelure sur ses épaules, puis sur sa poitrine. Lorsque les boucles frôlèrent le bout de ses seins, le regard de Conrad descendit de nouveau.

— Je ne vais pas regretter de m’être déshabillée, quand mon vampire m’offre un regard aussi… envoûtant.

Elle vit sa pomme d’Adam monter, puis redescendre tandis qu’il déglutissait.

— Je… t’envoûte ?

Elle fit oui de la tête.

— Aimerais-tu que je te rejoigne ?

Il se rembrunit.

— Pourquoi voudrais-tu faire une chose pareille ?

— Parce que là, tout de suite, tu es l’homme que j’aime le plus au monde.

 

Un fantôme à demi nu, doté d’une poitrine généreuse et ferme, veut le rejoindre sous la douche.

Et il n’a pas la moindre idée de ce qu’il est censé faire. Il a des bouffées de chaleur, il grince des dents.

Il n’a aucune expérience dans ce domaine, alors comment savoir ?

Il est né et a été élevé dans un milieu conservateur. Adulte, il ne s’est jamais déshabillé, encore moins lavé, devant une femme.

Et voilà que Néomi se tient devant lui, vêtue en tout et pour tout de son porte-jarretelles, de ses bas et d’une petite culotte très coquine, noire, bordée d’une dentelle de la même couleur qui laisse exposée en partie la courbe généreuse de ses fesses.

Ses magnifiques seins nus s’offrent fièrement à son regard.

Elle se comporte avec le plus grand naturel, comme s’ils étaient mari et femme. Et je ne connais même pas son nom de famille.

Incapable de s’en empêcher, il la parcourt une nouvelle fois d’un regard appuyé, affamé. Ses courbes sont étonnamment nettes, ses jambes toniques, musclées, sa silhouette élancée. Elle a un corps de danseuse, avec des hanches à peine marquées, et une taille si fine qu’il doit pouvoir en faire le tour de ses deux mains.

Et ces seins…

Il secoue la tête. Elle est trop jolie. Une beauté à demi nue qui atterrit dans sa douche ? Dans sa vie ? Cela ne cadre tout simplement pas avec l’existence qu’il mène depuis des siècles.

— Tu n’es probablement pas réelle.

Quand elle sourit, il maudit sa maladresse. Il aimerait avoir l’aisance de Murdoch avec les femmes.

Jamais auparavant il ne lui a envié cela, même après avoir découvert, assez jeune, qu’il n’avait guère de charme.

— Est-ce que tu vois souvent des choses qui ne sont pas réelles ?

— Tous les jours.

Mais, après tout, si elle est vraiment réelle…

— Viens. Si tu en as envie.

Elle flotte jusqu’à lui sans baisser les yeux. Son regard bleu est sensuel, porteur de promesses. Envoûtant. Il réalise que son corps se tend vers elle, de son propre chef.

Elle entre dans la cabine de douche. L’eau ne la mouille pas, rebondit sur elle comme une multitude d’étincelles semblables à des paillettes.

Un rêve. Un rêve érotique. Est-il réellement possible qu’il se trouve nu sous une douche avec une danseuse presque nue elle aussi ? Profites-en.

Et comment, bordel ? Il n’éprouve aucun désir.

Il n’a pas d’érection. Et… c’est un fantôme !

Cela ne semble pas arrêter la créature. Il perçoit l’énergie qui se dégage d’elle par vagues, cogne contre lui et repart.

— Le fou a un corps magnifique, n’est-ce pas ? dit-elle en français. Si puissant, si viril…

Il sent cette chaleur sur sa nuque, de plus en plus familière.

— Cesse de m’appeler ainsi.

— Donc, tu parles français, en plus de toutes les autres langues que je t’ai entendu utiliser.

Il hoche la tête, et elle reprend :

— Comment veux-tu que je t’appelle, alors ? Conrad le Dément ? Conrad le Dingue ? Ou alors, je pourrais dire « mon vampire » ? J’ai dans l’idée que cela te plairait, ajoute-t-elle plus doucement.

Comment fait-elle pour lire ainsi en lui ?

— Si tu m’entends, murmure-t-elle, et si tu me vois, je me demande si d’autres choses sont possibles, et lesquelles… Peut-être puis-je… peut-être puis-je essayer de te sentir ? Je ne sens rien, tu comprends. Mes mains passent à travers tout ce qu’elles rencontrent.

Il y a dans sa voix une faim, un désir qui le bouleverse.

Elle ne peut rien toucher, il ne peut pas avoir d’érection. Mais au moins connaît-il encore certains plaisirs – le goût du sang sur sa langue, l’euphorie d’un vent de tempête.

— Peut-être qu’en me concentrant vraiment, peut-être qu’avec toi… je pourrai sentir.

Devant lui apparaît une main fragile et pâle aux ongles sombres et brillants. Un pétale est posé sur son poignet. Il tombe, disparaît.

— Est-ce que je peux essayer de te toucher ?

Au moins pose-t-elle la question, cette fois.

— Fais comme bon te semble, répond-il d’une voix rauque.

Sa main se met à trembler en approchant. Un frisson électrique parcourt Conrad. Peut-elle le sentir ? Souhaite-t-il réellement qu’elle le fasse ? Oui, bon Dieu, oui, il le veut. Mais la main passe sans heurt à travers sa poitrine. Il sent un léger chatouillis à l’endroit où elle passe, provoquant la tension de ses muscles, mais aucune sensation de contact.

On dirait qu’elle s’affaisse, accablée par la déception.

Elle essaie une nouvelle fois, et sa main passe encore à travers le torse de Conrad. Il sent le même chatouillis, qui n’est pas complètement désagréable.

— J’aurais dû m’en douter, lâche-t-elle tristement.

Il n’aime pas cette tristesse. Il a le sentiment de l’avoir déçue.

Après un toussotement, il propose, hésitant :

— Je pourrais essayer de… te toucher, moi.

Aussitôt, le visage de la créature s’éclaire. Et c’est lui qui a provoqué cela. Si facilement ?

— Où aimerais-tu me toucher, Conrad ?

Il ne peut empêcher son regard de s’arrêter sur ses seins.

— Alors, touche-les, murmure-t-elle, prononçant chaque mot avec une sensualité provocante.

L’énergie qu’elle dégage le déstabilise. D’étranges envies l’assaillent. Il n’a pas seulement envie de la toucher là, il veut aussi embrasser cette chair jusqu’à ce qu’elle s’agrippe à lui, passer sa langue sur ses mamelons dressés. Aimerait-elle cela ? Est-il capable de la faire gémir ?

Il se rend compte soudain qu’il la pousse peu à peu contre la paroi carrelée de la cabine de douche, comme mû par le besoin de lui faire un rempart de son propre corps, pour l’empêcher de s’en aller. Elle aurait pu flotter à travers la paroi, mais elle le laisse faire. Il lève un genou contre sa cuisse et passe ses mains enchaînées au-dessus de sa tête.

Dans cette position, il plonge le regard dans les yeux les plus charmants qu’il ait jamais vus. Il a le sentiment qu’une brise a ouvert un chemin dans son esprit à travers le brouillard des souvenirs et de la confusion, un chemin qui se précise lorsqu’il regarde ce visage. Il se sent concentré…

 

Tout semblait plus clair, à présent. Ses pensées étaient plus nettes, elles aussi. Parfaitement distinctes les unes des autres.

Et Conrad voulait comprendre pourquoi.

Cela venait-il d’elle ou de la drogue qu’on lui administre ? Qu’était-elle pour lui, exactement ? Une idée vint titiller sa conscience, mais il la repoussa.

Les paupières de Néomi s’alourdirent, sa respiration devint plus rapide, comme si elle s’abandonnait à cet instant de douceur. Elle était petite, et parfaite.

Et malgré le regard rouge de Conrad, malgré son corps imposant et couvert de cicatrices, elle posait sur lui un regard… affamé. Un fantôme pouvait-il éprouver du désir ?

Elle n’était pas seulement un fantôme – créature avec laquelle il n’avait pas d’expérience –, elle était aussi une femme sensuelle – créature avec laquelle il n’avait pas non plus d’expérience.

Conrad avait envie de la toucher parce qu’elle était les deux.

Il déglutit bruyamment et avança lentement les mains vers ces seins si tentants.

Ne venait-elle pas de se cambrer ? Il couvrit le contour de sa poitrine de ses grandes mains, mais ne sentit que le même petit chatouillis électrique.

Il la vit baisser les yeux, comme pour vérifier sa réaction. Honteux de ne pas être en érection, il retira ses mains, les laissa tomber.

— Je ne suis pas excité, dit-il en reculant sous le jet de la douche. Cela fait trois cents ans que je ne l’ai pas été.

— Tu n’as pas envie de l’être ?

— Veux-tu que je le sois ?

— Oui, répondit-elle avec un sourire. Je me disais que ce serait plutôt chouette à voir.

Il avait été si fier, autrefois. Aujourd’hui, une créature qui ne possédait même pas de corps parvenait à lui faire éprouver de la honte.

— Seule une femelle particulière pourra m’attirer de nouveau vers la vie. Je parle d’une femelle en chair et en os. Donc pas de toi.

— Tu parles de ton épouse ?

— Sois soulagée de ne pas être celle qui m’est destinée.

Mais était-il bien sûr de penser ce qu’il disait ?

Maintenant qu’il avait l’esprit un peu plus clair, il se posait la question.

Ce soir, Conrad s’était rappelé ce qu’il convoitait tant autrefois, ce qu’il avait amèrement regretté de ne pas posséder.

Je voulais une femme qui m’appartienne.

Une femme qui aurait été sienne et qu’il aurait pu protéger. Dans sa vie de mortel, il n’avait cessé de rechercher cela. Et si cette créature était la femme que le destin lui réservait ?

Sous le jet, sa blessure au bras redevint sensible. Si la malédiction disait vrai…

Ce fantôme minuscule était-il l’être vers qui sa vie l’avait amené ? Il se souvint du frisson qui l’avait parcouru lorsqu’il avait entendu Nikolaï prononcer le nom de sa maison.

Conrad avait été installé de force ici. Dès le début, il avait senti qu’il s’engageait sur un funeste chemin.

La réalisation de son rêve entraînerait la perte de la créature.

— Il ne faut plus que tu t’approches de moi. Pour ton bien.

Je dois quitter cet endroit à tout prix.

Elle fronça les sourcils.

— Je ne suis pas sûre d’y arriver, vampire.

Nikolaï entra soudain, suivi de Sebastian.

— Que se passe-t-il ?

Conrad plongea devant elle, montrant les dents à ses frères. La fureur bouillait en lui à l’idée qu’elle se trouve nue dans la même pièce qu’eux. À l’intention de Néomi, il émit un grognement plus doux, presque un sifflement, par-dessus son épaule.

— Va-t’en. Immédiatement.

— Mais ils ne me v…

— J’ai dit immédiatement ! hurla-t-il.

Elle ferma les yeux devant la violence de son cri.

Son image clignota, puis disparut.

Il lui avait fait peur. Il fallait qu’il lui fasse peur.

— Mais enfin, que se passe-t-il, Conrad ? demanda Nikolaï, prêt à lui planter une nouvelle seringue dans le bras.

Non, pas une autre dose, ce n’est pas possible. Il devait réfléchir à ce qui venait de se produire avec la femelle. Se prenant la tête dans les mains, il ravala sa fureur avec difficulté, ravala les souvenirs qui accompagnaient la colère. Nikolaï hésita. C’était lui qui avait dit à Conrad qu’il pouvait maîtriser ses souvenirs. Et telle était son intention, là, tout de suite…

Les secondes s’écoulèrent… Maîtrise-toi.

Il y parvint sans doute, au moins en partie, car Nikolaï rempocha la seringue.

— Tu as eu le dessus, dit Sebastian fièrement. C’est une première étape.

— À qui parlais-tu ? demanda Nikolaï, plus circonspect.

— Laissez-moi m’habiller, répondit Conrad d’un ton las, le corps fatigué par les batailles de l’esprit. Vous ne me croiriez pas si je vous le disais.

Maintenant que le fantôme était parti et que son odeur s’était dissipée, Conrad avait lui aussi des doutes sur ce qui venait de se passer. Ses frères n’insistèrent pas. Hésitants, ils finirent par quitter la salle de bains pour attendre devant la porte.

Conrad arrêta l’eau, s’essuya. Pour la première fois en trois cents ans, il décida d’observer son reflet dans le miroir. Barbe naissante, yeux rouge sang, cheveux trop longs et mal coupés.

Son apparence le mettait mal à l’aise lui-même. Et pourtant, c’était plutôt mieux par rapport à ces derniers jours. Il réprima un juron. Humain, il n’avait jamais accordé beaucoup d’importance à son apparence.

Mais il n’avait jamais cherché à impressionner qui que ce soit non plus.

Il enfila le pantalon que ses frères avaient laissé pour lui. En revanche, impossible de mettre la chemise, avec les menottes. Il envisagea de régler leur compte à Nikolaï et Sebastian, mais il était trop faible.

Et puis, il avait une meilleure idée.

— Qu’est-ce qui t’a mis dans un état pareil ? demanda Sebastian lorsqu’il sortit de la salle de bains.

Il faut qu’ils pensent que je suis sur le chemin de la guérison.

— Rien.

Suis-je sur ce chemin ? Il obéirait à ses frères, jusqu’à ce qu’il trouve un moyen de leur échapper.

Lorsque Sebastian lui montra une bande de gaze avec un regard interrogateur, Conrad hésita, puis tendit son bras blessé.

— Comment t’es-tu fait cela ? demanda Nikolaï tandis que Sebastian lui refaisait un pansement.

— Accident du travail.

Avec les compliments de Tarut, un démon onirique ancien et puissant qui travaillait avec les Kapsliga.

Depuis des siècles déjà, Conrad et lui cherchaient à se tuer l’un l’autre, mais aucun n’y était jamais parvenu. Pourtant, à peine deux semaines plus tôt, Tarut avait remporté une victoire cruciale.

Il avait marqué Conrad de ses griffes. Si ce que l’on racontait à propos des démons oniriques était vrai, chaque fois que lui et le démon s’assoupissaient en même temps, Tarut pouvait récupérer dans l’esprit de Conrad des indices sur l’endroit où celui-ci se trouvait.

Conrad avait toujours pensé que la malédiction de la marque relevait du folklore et que les démons s’en servaient pour effrayer leurs ennemis. Mais la blessure refusait de se refermer.

Et ce n’était là que la première partie de la malédiction. Selon la légende, il ne pourrait guérir que lorsque le démon serait abattu, ou quand il verrait se réaliser à la fois son rêve le plus cher et son pire cauchemar.

— Il faut avoir un rêve pour le perdre, avait dit Tarut lors de leur dernier affrontement.

Il était tout à fait possible qu’un rêve se dessine à l’horizon pour Conrad, justement. Il retint un frisson. La réalisation de mon rêve entraînera la perte de la créature.

— Tu as bien meilleure mine, après cette douche, dit Sebastian. Tu es indéniablement plus lucide.

Il répondit d’un haussement d’épaules. Peu lui importait. En dehors de Tarut, au moins une demi-douzaine de contingents étaient à sa poursuite et le voulaient mort ou vif.

Les Kapsliga, son ancien ordre, l’avaient condamné à mort : pour eux, un vampire qui portait leur symbole tatoué dans le dos était une abomination. Ils avaient fait de lui leur priorité, envoyant Tarut et d’autres tueurs à ses trousses.

Il y avait aussi les innombrables descendants des victimes de Conrad, qui cherchaient tous à venger leurs pères.

Enfin, ce n’était qu’une question de temps, mais il allait devenir la cible de Rydstrom Woede, le roi déchu des démons féroces, et de Cadeon, l’héritier du trône.

Conrad avait en sa possession des renseignements pour lesquels ils étaient prêts à tuer.

Des dizaines de démonarchies tenaient Conrad pour leur ennemi numéro un, mais aucune ne l’inquiétait en dehors de celle des Woede.

Aucun de ces adversaires n’hésiterait à supprimer quiconque se mettrait en travers de leur route. Il était possible que Conrad et ses frères soient éliminés avant même d’avoir pu lever le petit doigt.

— Es-tu prêt à boire ? demanda Nikolaï.

— La seule chose que j’accepte de boire qui ne coule pas directement d’une veine, c’est du whisky, mentit Conrad.

Par le passé, il lui était arrivé de boire des poches de sang, mais il s’y refusait désormais. Même si sa soif se faisait de plus en plus pressante, il n’avait pas besoin de se nourrir aussi souvent que les autres vampires, et il n’était pas question qu’il leur cède sur ce point.

Murdoch l’avait accusé d’être têtu, et Conrad ne pouvait le nier. Ils l’avaient capturé, enchaîné et drogué ; il n’allait pas en plus leur faire le plaisir de marcher dans leurs plans idiots, en particulier dans la mesure où il ne comptait pas moisir ici.

Il avait remarqué que chacun de ses frères possédait une clé de ses menottes. Quand Fantômette reviendrait, il lui demanderait d’en voler une. Et il prendrait la poudre d’escampette.

Simple comme bonjour.

Ame Damnée
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